Une étude scientifique présentée par le National Health Service (NHS), le système de la santé publique du Royaume-Uni et publiée en mai 2013 dans la revue Food Research International (1) confirme ce que des scientifiques Chinois en 2004 et en 2006, Polonais en 2008 et Turques en 2009 avaient déjà publié :
– On retrouve des quantités significatives de fluor dans le thé.
– Ce sont les thés en sachets qui en contiennent le plus.
– Les quantités retrouvées pourraient être néfastes pour la santé des gros buveurs de thé.
Le fluor, particulièrement promu dans le cadre de la santé dentaire, s’avère toxique à certaines doses, contribue à la pollution de la planète et au réchauffement climatique. ThéCâlin a décidé d’informer ses lecteurs, par le bai d’un article basé le plus souvent possible sur des travaux scientifiques récents, sur les dangers du fluor pour les amoureux du thé et les autres.
Des liens vers les articles originaux ou résumés sont donnés dans la partie bibliographie.
Ils sont hélas souvent en langue anglaise mais, une simple traduction en ligne avec par exemple google ou reverso vous donnera un bon aperçu du contenu.
Le fluor c’est quoi ?
Le fluor est un élément chimique (symbole F), c’est-a-dire un atome.
A l’état pur, le fluor se présente sous la forme d’un gaz (F2) jaune vert pâle.
Particulièrement toxique et réactif (corrosif), le gaz fluor oxyde tout ce qui peut brûler et plus encore. L’eau, le verre ou le sable sont également « attaqués » par le fluor.
Provoquant de très graves brûlures au contact de la peau et des muqueuses, le fluor fut difficile à isoler et bien des expériences se sont soldées par des intoxications ou des morts.
Le fluor, mentionné dès le XVIe siècle ne fut isolé qu’en 1886, par Henri Moissan et lui valut le prix Nobel de chimie en 1906.
Origines du fluor.
Le fluor est naturellement présent sur terre mais, toujours en faible quantité. Dans le sol, on le trouve sous forme de roches (fluorite, apatite…) et minéraux comme la fluorine, un fluorure de calcium. Le fluor est aussi présent dans les eaux souterraines, sous forme d’ion fluorure mais, les concentrations sont normalement faibles (moins de 0,2 mg/L).
Les activités humaines et le fluor.
L’utilisation du fluor dans l’industrie n’est pas rare : fabrication du verre, de l’aluminium, des revêtements antiadhérents de poêles (teflon), des engrais phosphatés, de certains pesticides, d’armes de destruction massive comme le tristement célèbre gaz Sarin, enrichissement de l’uranium, etc.
De ce fait, plusieurs milliers de tonnes de fluor, sous forme par exemple de fluorure d’hydrogène, s’échappent chaque année dans l’atmosphère ou les rivières et sont à l’origine des pluies acides, participent à l’effet de serre (gaz CFC par exemple) et polluent les nappes phréatiques. Elles viennent s’ajouter à celles liées à l’utilisation irraisonnable des engrais phosphatés et des pesticides.
Pour couronner le tout, du fluor sous forme de fluorures sont couramment ajoutés dans l’eau potable de nombreux pays afin soit-disant de prévenir la carie dentaire chez le jeune enfant (2). Ce qui est gênant, c’est que cette mesure, qui n’a pas pour but de rendre l’eau potable, constitue un acte de médication forcée que l’on impose à toute la population.
En outre, ajoutée dans l’eau de réseau, la quantité journalière de fluor ingérée est incontrôlable puisque chaque individu boit une quantité différente d’eau de réseau (3).
Fluor et santé, nous aurait-on menti ?
Une carence en fluor n’est pas dangereuse pour la santé mais, favoriserait l’apparition de la carie dentaire chez le jeune enfant dont les dents sont en formation.
En fait, plusieurs études depuis 1987 au moins remettent fortement en cause cette théorie (4,5,6,7,8,9).
Diminution de la carie dentaire dans les pays ajoutant du fluor dans l’eau de réseau et ceux ne le faisant pas.
Aujourd’hui, l’ajout de fluor dans l’eau potable est de plus en plus contesté (*) car, le fluor est reconnu très toxique :
4 mg/jour : risque de fluorose (**) dentaire (9) et de douleurs musculaires et articulaires (10)
10 à 80 mg/jour : risque de fluorose (**) du squelette (11, 12)
Dose journalière non précisée : altération de la fonction de la glande thyroïde (13, 14); déclin du quotient intellectuel des jeunes enfants (15, 16, 17)
(*) En France, bien que les ressources en eau soient généralement pauvres en fluor, la fluorisation artificielle de l’eau potable n’est pas utilisée : Au début des années 80, notre pays a fait le choix de complémenter par du sel (fluorure de potassium) ou des médicaments fluorés (comprimés, gouttes, dentifrices, gels.).
(**) Fluorose : maladie liée au fluor dont les effets les plus bénins se manifestent par l’apparition de taches blanches, jaunes ou brunes sur les dents et les plus graves par une atteinte squelettique déformante.
Fluor et thé.
Préambule
La feuille de thé contient naturellement du fluor qu’elle accumule au cours de sa croissance : plus une feuille est vieille et plus elle est riche en fluor (18).
Les jardins de thé exploités de façon intensive, à grands recours de produits chimiques et qui produisent les thés premiers prix en sachets cumulent les apports de fluor :
Pesticides et engrais utilisés massivement contiennent souvent du fluor sous forme de dérivés fluorés que la plante va absorber.
Pour des raisons évidentes de réduction des coûts, les feuilles sont récoltées relativement âgées.
L’étude britannique de l’Université de Derby (1, 19, 20)
Elle porte sur 38 thés, commercialisés dans les supermarchés du Royaume-Uni (35 thés de marque britannique, 2 thés indiens et 1 thé du Sri Lanka), soit 15 thés premiers prix en sachets, constitués de mélanges de thés, 6 thés verts d’assemblage en vrac, 7 thés noirs d’assemblage en vrac, 6 WuLong et Pu Erh, 4 thés hauts de gamme.
Les marques étudiées sont citées ici.
Les scientifiques des équipes des professeurs Aradhana Mehra et Paul Lynch ont dosé le fluor sous forme de fluorures dans les feuilles de thé et dans les infusions (100 ml d’eau bouillante + 2g de thé infusé pendant 2, 10 ou 30 minutes).
La concentration en fluor varie de 93 à 820 mg/kg (fig 1) dans les feuilles de thé et de 0,43 à 8,85 mg/l dans les infusions (fig 2).
Ces résultats sont comparables à ceux des précédentes études :
Une équipe chinoise mesure, en 2004, sur des thés noirs, des taux de fluor de 97 à 223 mg de fluorures par kilogramme de feuilles (21) et en 2006, des concentrations variant de 0,95 à 6,01 mg/l d’infusion (22).
En 2008, une équipe polonaise enregistre des valeurs allant de 0,32 à 4,54 mg de fluorures par litre d’infusion de thés noirs (23).
En 2009, une équipe turque publie des valeurs de concentration en fluorures de 0,57 à 3,72 mg/l de thés noirs infusés pendant 5 minutes (24).
Dans l’étude britannique et polonaise, il est important de remarquer que la quantité de fluor présente dans les infusions ne varie pas proportionnellement avec la durée de l’infusion (fig 2) ce qui suggère que le fluor est relargué très rapidement et qu’un bon rinçage des feuilles de thé avant l’infusion en éliminera une bonne partie.
Des différences significatives dans les concentrations de fluor ont été mesuré entre les différents types de thés analysés :
Les taux les plus élevés sont retrouvés dans les thés premiers prix constitués de mélanges de thés noirs (en moyenne, 600 mg/kg de produit sec et 6 mg/l dans les infusions de 2 min.).
Viennent ensuite les thés en vrac : 400 mg/kg et 3 mg/l pour les verts et 270 mg/kg et 3,3 mg/l pour les thés noirs.
Le groupe Pu Erh / Wulong et celui des thés hauts de gamme présentent les taux de fluorures, respectivement 210 et 130 mg/kg et 0,7 et 1,8 mg/l confirmant les résultats de E. Malinowska et al (23) qui mesure des concentrations en fluorures de 0,37 à 0,54 mg/l d’infusion de thés blancs, autres thés hauts de gamme.
La dose journalière de fluor minimale acceptable est donc rapidement atteinte avec les thés premiers prix en sachets, d’autant plus que le thé n’est pas la seule source de fluor de notre alimentation (25, 26, 27) et que la plupart des dentifrices et certains médicaments en contiennent.
Je ne veux pas être alarmiste mais, le risque est bien réel sur le long terme pour les très gros buveurs de thé premiers prix comme le prouvent le cas de trois femmes, grandes consommatrices de thé depuis l’adolescence (plusieurs litres par jour de thé fort, en sachet ou instantané) et atteintes d’une fluorose déformante du squelette vers la cinquantaine (28, 29).
Par contre, pour nos clients, il n’y a rien à craindre, nos thés proviennent toujours d’une unique plantation et majoritairement, pour ne pas dire entièrement constitués de jeunes feuilles et ou bourgeons, donc pauvres en fluor. Par ailleurs, nous sommes très attentifs au respect des normes en matière de résidus de pesticides et privilégions des produits issus d’une agriculture raisonnée.
Comment limiter les apports de fluor du thé ?
Si vous êtes un gros buveur de thé en sachet, les auteurs de l’étude britannique mettent la barre à un litre par jour de thé premier prix et si vous souhaitez continuer à boire beaucoup de thé, je vous suggère d’appliquer ces quelques conseils :
Remplacez le thé premier prix en sachet par du thé en vrac manufacturé à partir de jeunes feuilles et/ou de bourgeons, l’utilisation d’une boule à thé remplace avantageusement les sachets et vous remarquerez que le thé en vrac revient moins cher que le thé en sachet. Pour un budget identique vous pourrez donc vous offrir des thés de qualité, d’origine certifiée et non plus des mélanges dont on ne sait pas trop d’où ils viennent.
– Utilisez une eau minérale non fluorée ou une eau filtrée.
– Rincez votre thé car, une bonne partie du fluor est relarguée par les feuilles de thé très rapidement. Vous éliminerez du même coup une partie de la caféine, des poussières et le cas échéant, des résidus de pesticides.
– Utilisez du thé bio le plus souvent possible.
– N’utilisez pas de compléments fluorés (sel, suppléments), le thé vous apporte assez de fluor.
– L’utilisation d’un dentifrice fluoré n’est pas justifiée.
– Prenez de la vitamine C (30,31).
Pour les autres amateurs de thés, il n’y a pas lieu de s’inquiéter mais, c’est du bon sens d’appliquer les quatre premiers conseils cités ci-dessus.
N’oubliez pas que les thés en vrac de qualité peuvent se re infuser plusieurs fois, ils sont donc plus économiques, plus écologiques. Les re infusions seront moins caféinées et pauvres en fluor.
Les dangers du fluor : sources et références bibliographiques.
(1) ↑ Laura Chan, et al.(2013).Human exposure assessment of fluoride from tea (Camellia sinensis L.): A UK based issue? Food Res Int. 51: 564-70.
PHOTO + REF BIBLIO
(2) ↑ Action Fluor Quebec.
(3) ↑ 50 Reasons to Oppose Fluoridation.
(4) ↑ Meyer-Lueckel H, et al.(2006). Caries and fluorosis in 6- and 9-year-old children residing in three communities in Iran. Community Dent Oral Epidemiol 34:63-70.
(5) ↑ Komarek A, et al.(2005). A Bayesian analysis of multivariate doubly-interval-censored dental data. Biostatistics 6:145-55.
(6) ↑ Harding MA, et al. (2003). Dental erosion in 5-year-old Irish school children and associated factors: a pilot study. Community Dental Health 20(3):165-70.
(7) ↑ Sales-Peres SH, Bastos JR. (2002). An epidemiological profile of dental caries in 12-year-old children residing in cities with and without fluoridated water supply in the central western area of the State of Sao Paulo, Brazil. Cad Saude Publica 18: 1281-8.
(8) ↑ Shiboski CH, et al. (2003). The association of early childhood caries and race/ethnicity among California preschool children. J Public Health Dent 63(1):38-46.
(9) ↑ Gray, AS. (1987). Fluoridation: Time for a New Base Line? J Can Dent Assoc. 10: 763-765.
(10) ↑ Grandjean P. (1987). Occupational fluorosis through 50 years: clinical and epidemiological experiences. Am J Ind Med 1982;3(2):227-36.
(11) ↑ Krishnamachari KA. (1986). Skeletal fluorosis in humans: a review of recent progress in the understanding of the disease. Prog Food Nutr Sci. 10(3-4):279-314.
(12) ↑ Shaoxian Chen. et al.(2013). Change of urinary fluoride and bone metabolism indicators in the endemic fluorosis areas of southern china after supplying low fluoride public water. BMC Public Health13: 156.
(13) ↑ Siebenhüner, et al. (1984). Effects of fluoride on thyroid hormone biosynthesis. Studies in a highly sensitive test system. Klin Wochenschr. 17;62(18):859-61.
(14) ↑ Bürgi H, et al. (1984). Fluorine and thyroid gland function: a review of the literature. Klin Wochenschr. 15;62(12):564-9.
(15) ↑ Anna L. Choi, et al. (2012). Developmental Fluoride Neurotoxicity: A Systematic Review and Meta-Analysis. Environ Health Perspect. 120(10):1362–68.
(16) ↑ Ding Y et al. (2011). The relationships between low levels of urine fluoride on children’s intelligence, dental fluorosis in endemic fluorosis areas in Hulunbuir, Inner Mongolia, China. J Hazard Mater. 186(2-3):1942-6.
(17) ↑ Tang QQ. (2008). Fluoride and children’s intelligence: a meta-analysis. Biol Trace Elem Res. 126(1-3):115-20.
(18) ↑ Juan Yi et Jin Cao. (2008). Tea and fluorosis. J. Fluorine Chem.129(2):76–81.
(19) ↑ La nutrition.fr. Risque d’intoxication au fluor avec les thés premiers prix.
(20) ↑ University of Derby. Cheaper Supermarket Teas Could Cause Fluoride Related Illnesses.
(21) ↑ Jin Cao et al. (2004). Safety evaluation on fluoride content in black tea. Food Chem.88(2):233–36.
(22) ↑ Jin Cao et al. (2006) Fluoride levels in various black tea commodities: Measurement and safety evaluation. Food Chem. Toxicol.44(7):1131–37.
(23) ↑ E. Malinowska et al. (2008). Assessment of fluoride concentration and daily intake by human from tea and herbal infusions. Food Chem. Toxicol.46(3)1055-61.
(24) ↑ Ebru Emekli-Alturfaa et al. (2009) Fluoride levels in various black tea, herbal and fruit infusions consumed in Turkey. Food Chem. Toxicol. 47(7): 1495–98.
(25) ↑ B. Tegegne et al. (2013) Fluoride levels in commercially available rice in Ethiopia. Bulletin of the Chemical Society of Ethiopia. 27(2).
(26) ↑ S. Battaleb-Looie et al. (2013). Fluoride in groundwater, dates and wheat: Estimated exposure dose in the population of Bushehr, Iran. Journal of Food Composition and Analysis. 29(2) 94-99.
(27) ↑ Jha SK et al. (2011). Site specific toxicological risk from fluoride exposure through ingestion of vegetables and cereal crops in Unnao district, Uttar Pradesh, India. Ecotoxicol Environ Saf. 74(4):940-6.
(28) ↑ Naveen Kakumanu et al. (2013) Skeletal Fluorosis Due to Excessive Tea Drinking. N Engl J Med 2013; 368:1140.
(29) ↑ Whyte MP et al (2008). Skeletal fluorosis from instant tea. J Bone Miner Res. 23(5):759-69.
(30) ↑ Gupta SK et al. (1994). Reversal of clinical and dental fluorosis. Indian Pediatr. 31(4):439-43.
(31) ↑ Jetti R et al. (2013). Protective effect of ascorbic acid and Ginkgo biloba against learning and memory deficits caused by fluoride. Toxicol Ind Health. Sep 30. [Epub ahead of print].